Enchanté de vous rencontrer enfin, mademoiselle Bellamy. On m'a toujours dit que vos prénoms étaient vraiment jolis : Siam. Votre jeunesse vous sied toujours au teint, parce que vous arborez vos vingt-deux ans. Dans la presse ou dans la ville, on vous surnomme siam, l'ange déchu. Par ailleurs, vous exercez le métier de mannequin, égérie de Dior et vous en semblez fier(e). Vous êtes d'ailleurs tendance vintage. Après ce petit résumé de votre personnage, nous pourrons passer aux choses sérieuses ! Oh, j'oubliais, votre statut amoureux. Vous êtes plus ou moins en couple.

HYPNOSE ▬ Vous avez accepté une interview par Hypnose. Mais qu'en pensez-vous de ce magazine, véritablement ?.
INVITE(E) ▬ Honnêtement, pas grand chose. C'est un ramassis de bouses séchées, une véritable merde qui fait vendre du vent. Des bouts de papier qui traitent du malheur des gens et s'en moquent, en rigolent ouvertement, personnellement ça me donne envie de gerber et ça mérite un vulgaire procès. Hypnose est certes moins pire que les autres, puisque vous ne parlez que rarement de rumeurs fausses et que vous n'en lancez pas, mais vous faites partie du même marché. Vendeurs de merde.

H ▬ De nombreuses rumeurs circulent sur vous dans les médias people, vous n'êtes pas sans le savoir. Qu'en pensez-vous ?
I ▬ Je n'en pense strictement rien. Libre à chacun d'imaginer ce qu'il veut, moi je sais qui je suis, je sais ce que je fais, et je sais ce que je vaux. J'assume le moindre de mes actes, et ce qui est faux restent de vulgaires mensonges.

H ▬ Surtout, comment êtes-vous, en dehors de ce qui disent les médias à votre propos ?
I ▬ Je suis une fille assez simple. Un peu droguée, ça c'est un fait, mais aussi fragile et quelque fois instable. J'ai besoin d'attention, d'être toujours accompagnée, car j'ai une sauvage tendance à me morfondre. Je suis cash, très franche, et je ne prends généralement pas de pincettes dès lors que j'ai quelque chose à dire. Je suis une excellente amie, toujours là pour les autres, même si je n'en ai véritablement pas l'air. Quelqu'un de simple, quoi.

Je suis une trèèès grosse fumeuse, et j'essaye d'arrêter tous les mois. Je tiens parfois deux jours, parfois une semaine, jamais plus. (+) La drogue, c'est uniquement quand je vais vraiment très mal. (+) Je ne connais rien de meilleur pour se relaxer qu'un bon bain moussant - je vous l'avais dit, je suis quelqu'un de simple. (+) Ma première fois, c'était à dix-neuf ans. Ouais, j'ai pas l'air comme ça, mais je n'ouvre pas mes cuisses aussi simplement. (+) J'aime profiter de la vie, même si je suis une pessimiste de nature. (+) Très cultivée, je passe mes meilleurs moments au bras d'un bouquin culte, et mes romans favoris restent ceux de Jane Austen. Un peu romantique, je l'admets. (+) J'aime mon job, je m'y donne à 400% et je suis très douée pour ça, au point d'attiser quelque peu les jalousies. (+) J'aime jouer avec les sentiments des autres, j'ai un don pour m'attirer les sympathies, ça doit être ma tête qui veut ça. Pourtant, j'admets parfois ne pas le mériter. (+) Je suis une blagueuse quelque peu immature. C'est mon tempérament qui veut ça.


H ▬ Et par ailleurs, quelles sont les rumeurs qui circulent sur vous dans la presse people ?
I ▬ On me dit infidèle. On dit aussi que je me drogue (drogue dure, forte.. toutes les drogues possibles et imaginables). On me dit à deux doigts de la dépression, et les tabloïds ne seraient pas surpris de quelques tentatives de suicide me concernant.

H ▬ Si vous aviez le porte-parole de toute la presse people devant vous, que lui diriez-vous ?
I ▬ Je lui dirai merde. Ca vous suffit ?

◭ CHAPTER ONE w/ divine décadence.
La cigarette se consumme lentement. Sol tâché de cendres éparpillés, bureau où rôde ma vieille machine à écrire et mon verre de whisky bien entamé. Solitude, tellement plus épanouissante que la compagnie. Foutue chemise, elle m'oppresse, elle m'étouffe, elle me nuit. Cette douce mélopée m'emplit l'esprit, me reste en tête, chaque seconde, chaque minute. Elle remplace le vide obscur qu'est devenu mon âme. Il n'y a plus que ruine. Disparus les mots d'amour éphémères glissés à l'oreille de mon amant. Oubliée la saveur exquise du soleil sur ma peau, il ne reste autour de moi que ce froid glacial qui me hante. Chagrins éplorés, soupirs affamés. Non. Non. Je suis loin, déjà, un pied bien ancré dans ce caveau obscur et sombre. Aucune peur, aucune terreur. Seul un triste néant. En quête de plaisirs, je rôde dans les bas-fonds. J'espère. Espoir sordide, déçu, déchu. Il faut croire que c'est l'amour qui m'a définitivement abîmée. Ce journal est un cri de vie, un cri d'illusion éphémère que je veux croire réaliste. C'est fini. Il est parti, cet être que par valeur je ne peux côtoyer, il est parti et m'a laissée seule, éperdue dans cet océan d'affection que je lui réservai. Il est parti car je l'ai exigé de lui. Puis-je lui en vouloir ? Certes non. Ce journal est l'histoire de ma vie, le cri de mon ennui.

◭ CHAPTER TWO w/ j’abandonnerais jamais. Je suis née un certain vingt-et-un avril, et j'ai vu pour la première fois la lumière du jour reluire dans les cheveux de ma mère. Un avenir radieux se profilait devant moi. Belle famille, belle maison, belle renommée, beaucoup d'argent. Ma mère, douce enfant, mon père, riche gentleman. Ils formaient un couple merveilleux. Ils ont vécu main dans la main, sont morts enlacés. C'était un meutre. Un de ceux que l'on ne peut voir qu'à la télé, que l'on ne peut juger véritable. Pourtant, il ne passe pas un jour sans qu'une femme ne pousse son dernier cri, sans qu'un enfant ne hurle son dépit. Ils étaient morts. Et ma vie, sans eux, n'avait pas le moindre attrait. Je me suis laissée entrainer, sans rien dire, amoindrie, détruite, dans les plus bas fonds d'une existence morbide qui me laissait aussi froide que le corps de ma mère. Il manquait une partie de mon corps. Il manquait mon âme. On décida alors de vendre ce qu'il me restait, ce corps charnel et désirable, proposition que je n'acceptai pas plus que je ne la réfutai. Que valait la négation d'une enfant rendue seule par une vie injuste ? Une enfant abandonnée dans les lourds sillages d'un bas-âge. On pouvait bien faire d'elle ce que l'on voulait. Et c'est ce qu'on décida de faire.

◭ CHAPTER THREE w/ partir seul, à l’aventure. Ce restaurant aux allures de paradis devenait bordel pendant la nuit. Maison close, rideaux rouges, émerveillements devant les lumières et la chaleur, l'alcool et l'odeur âcre de cigares infectes. Gros bonhommes au regard luisant, petits monsieurs au charme extravagant. Tant d'êtres répugnants qui convoitaient mon corps avec la lueur de la hantise au fond de leur prunelle. Ils me voulaient, ils se battaient, payaient des fortunes pour me posséder, l'espace d'une heure. Qu'à cela ne tienne. Je n'appartenais plus à personne, j'étais seule, désespérément seule, noyée dans cette solitude abjecte que leur relative tendresse permettait de faire vaciller, l'espace d'un temps.Quelques infimes secondes, avant que leur plaisir ne bouleverse mes sens, qu'ils me dégoutent au point de vomir dans les toilettes, dans la cuvette, là où était ma place. Ainsi fut ma vie, quelques trois années durant. Poule de luxe, prostitué aux allures enfantines, j'attirai la foule. Mon mal-être ne laissait nul sadique indifférent, et tous aspiraient à le toucher, à le convoiter, à l'admirer. Je ne pouvais faire autre chose que leur offrir sur un plateau d'argent, ce regard perdu et larmoyant. Puis la vie me cueillit délicatement, telle une douce rose à la saveur exotique. Elle réanima mon visage, offrit de nouveau le goût des choses à mon âme éteinte, ralluma la bougie de mes sens. Je devais fuir ce bout d'enfer, cette descente dans les bas fonds trouvait son terme. Je devais fuir. Partir. Loin, loin, courir.

◭ CHAPTER FOUR w/ la douceur de ta lumière.Un beau jour, la porte du bordel s'est ouverte sur un homme que je n'avais jamais vu. Pas un habitué, mais il avait déjà bien bu. Vêtu richement et avec classe, il n'était pas de ceux qu'on a l'habitude de voir fréquenter les putes que nous sommes. Non, il a surpris tout le monde, avec cet air hautain et son costume à mille dollars. Plus encore lorsque c'est moi qu'il a remarqué, exigeant de me voir. Nous avons passé une nuit ensembles. Une nuit torride et salace, une nuit passionnée et sauvage, une nuit de pur carnage qui mis à mal les meubles de la pièce. Il était brutal, mais jamais trop, et la lueur que je savais lire dans son regard témoignait de la tendresse qui débordait en lui. Une tendresse bien trop longtemps enfouie. Une tendresse que j'aurais aimé ravir. Il est revenu de nombreuses fois, toujours pour me voir, et nous échangions de plus en plus. Une nuit même, il ne vint que pour me parler, coutume étrange qui ravit mes sens. Cet homme était différent de tous les habitués du bordel. Intéressé et passionné, il n'était pas qu'un dégénéré désireux du plaisir brut que tous les autres recherchaient ici. Il ne fallut pas plus longtemps pour que j'en tombe amoureuse. Cet homme .. était mon homme. Et peu à peu, je me mis à compter les jours jusqu'à son si précieux retour. Et plus je le voyais, plus je rêvais à ma délicieuse liberté perdue. Je voulais fuir. M'enfuir, pour toujours. Avec lui.

◭ CHAPTER FIVE w/ become a pop-star and they give them to you for free !. J'avais vingt ans lorsque je quittai le bordel, et que goûtai à nouveau au doux plaisir de la liberté. Vingt ans.. J'avais passé quatre foutues années dans ce dépotoir de femmes-objets, quatre putains d'années perdues que je ne retrouverai jamais. Ce beau brun mystérieux m'avait racheté à un prix qu'il refusait de m'avouer, mais je le devinai démesuré. Alors, je me taisais. Délicate petite trainée qu'il avait prise sous son aile, je devins sa compagne. Nous étions amoureux, et peu à peu, le malheur qui avait étreint toute ma jeunesse fut oublié au profit d'une célébrité plutôt inattendue. Sortir avec un acteur réputé pouvait s'avérer un tremplin, si la chance elle même n'avait pas souri à ma joli blondeur. Et Christian Dior lui même s'enquit de moi. Oui, mannequin. J'étais passée de pute à mannequin, de misérable gueuse à star montante, célébrité flottante, riche indéniable chanceuse. Tout ça grâce à lui. Lui. Ma vie, mon bonheur, mon soleil. Mon nuage, mon désespoir, mon cercueil. Lui. Mon tout.